jeudi 23 décembre 2010

Cher sénateur Larry Smith...


Monsieur Smith,

Comme ça, vous ne gagnerez QUE 132 000$ par année en tant que sénateur? Bouhou, faites-moi pleurer...
Saviez-vous, Monsieur Smith, que 20% des petits montréalais ne mangent pas à leur faim à tous les jours? Qu'un assisté social québécois vit avec 692$ par mois? Que 46% des familles monoparentales québécoises vivent avec un revenu se situant sous le seuil de la pauvreté? Qu'au Canada, un million d'enfants, un sur six, vivent dans la pauvreté? Que 200 000 personnes sont sans abris aujourd'hui même, en cette veille de noël, au Canada?

Et vous, Monsieur Smith, vous pleurnichez aux médias que votre salaire de 132 000$ (plus les bénéfices marginaux probablement liés à votre statut de sénateur) constitue une "diminution catastrophique" de votre salaire. Catastrophique? Le salaire moyen du Canadien moyen se situe entre 30 000$ et 41 000$ par année, en fonction de son lieu de résidence. Vous gagnerez donc 3 à 4 fois le revenu moyen de vos concitoyens et vous avez le coeur à vous plaindre? C'est une catastrophe, ça? Vraiment?

Savez-vous ce que j'en pense, Monsieur Smith? Que ça m'écoeure de savoir qu'une personne aussi déconnectée de la réalité puisse être nommée (et non élue!) pour prendre des décisions qui affecteront l'ensemble des Canadiens. Le plus triste, c'est que vous n'êtes pas seul dans cette situation; la classe dirigeante ne semble avoir, en général, que très peu conscience de ce qui se passe "sur le terrain", chez les gens "ordinaires".

Monsieur Smith? Je ne vous félicite pas pour votre nomination; vous ne la méritez pas. Je me lève à 5 am à tous les matins pour aller travailler à une heure et demie de chez moi. À la semaine longue, j'aide des gens dans le besoin à améliorer leur sort. Il y un an, j'étais parmis eux, moi aussi, et je dormais mal la nuit, ne sachant pas comment j'arriverais à payer mon prochain loyer/mon téléphone/mon électricité/ma nourriture. J'ai été dans cette situation précaire pendant près de dix ans et ce, malgré des diplômes qui m'ont coûté la peau des fesses et une volonté bien ancrée d'améliorer mon sort. Maintenant que je gagne un salaire correct (correct pour moi, je veux dire, parce que si vous deviez vivre avec ce que je gagne, vous parleriez alors de déchéance totale), je vois une grande partie de ma paie partir, chaque semaine, pour financer votre "salaire de misère". Et ça m'écoeure profondément.
En gros, vous n'avez aucune gratitude pour ce que la vie vous a donné, Monsieur le sénateur. Et dans le fin fond, j'ai de la pitié pour vous. Il m'est clair que qui n'est pas capable d'apprécier ce qu'il possède ne pourra jamais être heureux. Ça vous ferait du bien de tout perdre, Monsieur...


Enfin, j'ai bien hâte de suivre vos péripéties dans le monde de la politique. On raconte que vous avez été pressenti pour occuper un poste de ministre. Les yeux du Canada sont tournés vers vous, maintenant. Montrez-nous de quoi vous êtes capable! Parce que, sérieusement, quelqu'un qui juge qu'il vaut autant doit être un surhomme, Monsieur Smith! J'ai hâte de voir ce que vous nous offrirez, en contrepartie de ce salaire que nous vous verserons; vous êtes aussi bien d'être bon! Ha!

La grenouille

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